Il vient de l'annoncer. C'était la mesure phare de sa campagne présidentielle : les propriétaires vont désormais pouvoir déduire de leurs impôts les intérêts des emprunts contractés pour l'acquisition de leur résidence principale.
A première vue, c'est très gentil. Etant moi-même propriétaire de mon pavillon familial, pour lequel il me reste pas mal de mensualités à payer, je vais pouvoir profiter du cadeau. En même temps, j'ai pu m'en passer jusqu'à aujourd'hui et très franchement, je n'en avais pas vraiment besoin. Et là est bien le problème...
Dans le dispositif imaginé par Nicolas Sarkozy, plus tu es riche, plus tu profites. Pour moi, sans doute quelques dizaines d'euros par an tout au plus. Mais si demain, j'ai les moyens de changer de résidence principale pour acheter quelque chose de plus grand, voire de luxueux, l'Etat m'aidera plus ! Et ainsi de suite : plus l'acquereur pourra se permettre de contracter un gros emprunt, plus la collectivité paiera... Paradoxe : deux personnes gagnent pareil. Celle qui est propriétaire paiera moins d'impôts que celle qui est locataire. Celle qui est locataire deviendra en payant ses impôts le financeur du propriétaire. Quand on vous dit qu'ensemble, tout devient possible !
Quant au coût de cette mesure, plusieurs milliards d'euros nous dit-on, il privera le budget de l'Etat de moyens. En matière d'aide au logement, ces moyens auraient pu être consacrés à ce qui me semble être la priorité du moment : résoudre le problème des dizaines de milliers de demandeurs de logement de notre région (près de 60 000 pour le seul département de la Seine-Saint-Denis), dont ceux de notre circonscription que je reçois chaque semaine dans ma permanence (parce que moi j'en tiens une). Pour Livry-Gargan, pas moins de 850 jeunes ou moins jeunes originaires de la commune, hébergés par leurs parents ou mal logés, espèrent s'installer dans des conditions décentes dans leur ville à laquelle ils sont attachés. Mais cela n'est pas la priorité de Nicolas Sarkozy, même si nombre d'entre-eux ont sans doute voté pour lui.
En effet, le grand talent de la droite, le temps de gagner les élections, consiste à réussir à faire croire aux gens modestes, aux classes moyennes, ainsi qu'aux familles aisées mais sans plus, qu'ils sont riches !