A mon grand regret, l’actualité concentre ses développements sur les « faits
divers » du débat politique. Dans les années 1970, « Par le petit
bout de la lorgnette » c’était une heure par semaine, le dimanche midi.
Désormais, c’est tous les jours, à chaque instant et sur tous les supports. Et lorsque le fond a timidement droit de cité, les critiques sur la
politique du gouvernement dominent, au détriment de l’énoncé de propositions
alternatives.
C’est d’autant plus dommage que certains, à l’UMP, se sont
efforcés d’esquisser les choix budgétaires qu’ils auraient retenus, s’ils
avaient conservé la responsabilité de la direction des affaires de la France. Je pourrais, sur la forme, pointer leur manque de rigueur dans
la méthode employée, qui consiste à égrener une série de sources potentielles
d’économies évaluées « au doigt mouillé ».
Je pourrais, par souci d'une vérité historique trop souvent balayée d'un revers de main dédaigneux, m’attarder sur l’état faillite
dans lequel la droite a précipité notre pays durant les deux précédent
quinquennats. L’explosion des déficits et de la dépense publique, qui ont
atteint un niveau jamais égalé, devraient en effet appeler l’UMP à davantage de
retenue et de modestie pour ses analyses budgétaires. Mais je veux surtout réagir sur le fond. En effet, les orientations
retenues en matière de finances publiques sont avant tout la traduction d’un
projet de société. En cela, celui que nous dessine l’opposition dans le cadre
de ses propositions alternatives a de quoi interpeler.
Le
président de l’UMP affirme vouloir baisser la dépense publique de 130 milliards
d’euros d’ici à 2017. Derrière cet affichage se jouent la réduction, voire la
suppression des prestations sociales et familiales ; le désengagement de
l’Etat en matière de politique de l’emploi et de santé ; ou encore le
report de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, avec une durée minimum
de cotisations de 44 ans.
Je m’étonne que ces pistes de réflexion, qui ont le
mérite d’être posées même si elles le sont de manière fort imprécise, ne
soient pas au cœur du débat public, afin que les Français puissent les prendre
en compte, les évaluer et les comparer avec les choix que nous avons faits
depuis 22 mois. Pour ma part, j’ai la conviction que nous avons emprunté une voie certes difficile, mais juste
et efficace, pour concilier l’indispensable assainissement des finances
publiques de la France qui s’imposait à tout gouvernement responsable et l’approfondissement
de notre démocratie sociale, qui constitue l’ADN de la gauche.
J’observe d’ailleurs
que toutes les décisions prises en ce sens -et il y en a heureusement bien davantage que l’opinion
ne l’a malheureusement perçu- font l’objet de critiques virulentes de la part de ceux qui ont
le mérite de parler du fond, au sein de l’opposition. Avec eux c’est certain,
point de prise en compte de la pénibilité du travail et de la spécificité des
carrières des femmes dans le calcul des retraites, aucune revalorisation du
barème de l’impôt sur le revenu afin d'éviter que des milliers de contribuables
modestes en soient chaque année les nouveaux assujettis, pas de Garantie
universelle des loyers (Gul), pas plus de création de 55 000 bourses
étudiantes supplémentaire, ni de plan d'ouverture de 275 000 places
d’accueil nouvelles pour la petite enfance.
Voilà les sujets sur lesquels j’aimerais que le débat public se concentre et
que ses acteurs se confrontent. On peut rêver, non ?