mercredi 10 janvier 2007

De l 'art de donner l'illusion qu'on a changé d'avis...

En cette période de voeux, les réceptions données à l'occasion de la nouvelle année par les maires et les différentes institutions s'enchaînent à un rythme soutenu. Y participer est pour moi l'occasion de m'imprégner mieux encore de l'état d'esprit ambiant dans chacune des six villes de notre circonscription et d'échanger de manière informelle avec les personnes présentes.

Après Clichy-sous-Bois hier, c'était ce soir le tour du Raincy : moins de monde que l'année dernière m'a-t-il semblé, même si je n'en tire aucune conclusion politique, n'étant pas un adepte de la méthode Coué ! J'ai écouté avec attention le discours d'Eric Raoult, maire de la ville et actuel député UMP de la circonscription : il faut toujours s'intéresser à ce que dit la concurrence... Comme partout ailleurs, il a rappelé les principaux faits marquants de 2006 et tracé quelques perspectives pour 2007.

Je n'ai cependant pas pu m'empêcher de sourire quand, parmi les éléments de la feuille de route de l'année qui commence, il a évoqué la construction de logements sociaux au Raincy : "tout promoteur qui proposera un programme immobilier de plus de 15 logements, devra y inclure désormais 25% de logements aidés, a-t-il déclaré".

Dans la forme, quel changement de discours ! Lors des élections législatives de 2002, la candidat Raoult avait promis la suppression de la loi SRU, qui oblige toute commune de plus de 3 500 habitants à avoir 20% de logements sociaux avant 2020. Il ne l'a naturellement pas obtenue. Cette loi votée par la gauche n'a non seulement pas été abrogée, mais elle a au contraire été plébiscitée par le président de la République lui-même. Et quand Jacques Chirac en a à nouveau vanté les mérites hier lors de son passage éclair à la préfecture de Bobigny, de l'aveu même d'Eric Raoult, tous les regards de l'assistance se sont soudain tournés vers lui! C'est bien en effet le même Eric Raoult qui se proposait en septembre 2005 de prendre la tête d'une "coordination pour la diversité urbaine" pour fédérer les maires refractaires à la construction de logements sociaux, qui promet aujourd'hui d'en construire... Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis me dira-t-on! C'est exact, mais en politique, les virages à 180° donnent souvent le tournis aux électeurs.

Sur le fond, précisons tout de même que peu de choses changeront. Avec le dispositif indiqué par M. Raoult, sans volonté municipale d'intervention sur le foncier et la recherche d'opérateurs, l'objectif des 20% continuera de s'éloigner, tel l'horizon, à mesure que les constructions au Raincy avanceront. Seul changement donc : avant le maire revendiquait de ne pas respecter la loi. Comme c'est désormais trop mal vu, il fera maintenant semblant.

A chacun sa manière de faire de la politique...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Anonyme a dit...
Quel est le pourcentage de logeents sociaux à Livry Gargan, sachant que la loi GAYSSOT impose 20% ?

17 janvier 2007 14:54

Pascal Popelin a dit…

Contrairement à ce que le message anonyme précédent affirme, la loi SRU n'impose pas 20% de logements sociaux. Elle fait obligation aux communes qui n'ont pas 20% de logements sociaux d'atteindre cet objectif en vingt ans à compter du vote de la loi (c'est le fameux article 55).

La ville de Livry-Gargan compte à ce jour environ 13,5% de logements sociaux. Cette situation est le résultat d'une histoire : dans les années 70, plus de 700 logements sociaux qui avaient été construits avec le concours de la commune (mise à disposition de terrains et garanties d'emprunt dont certaines courent toujours)ont pu être rachetés par leurs locataires. Si ces logements qui, à l'origine étaient des logements sociaux et qui ont contribué à de l'accession sociale à la propriété, étaient toujours comptabilisés dans des statistiques, il y aurait 20% de logements sociaux dès maintenant à Livry-Gargan.

Je précise par ailleurs que la majorité municipale, dès qu'elle en a eu la possibilité, en tout cas bien vant le vote de la loi SRU, s'est engagée depuis la fin des années 90 dans la construction de nouveaux logements sociaux à Livry-Gargan. Depuis les élections municipales de 2001, plus de 500 nouveaux logements sociaux ont notamment été construits dans la ville. Nous l'avons fait en respectant l'urbanisme et l'environnement et ces réalisations, réparties en petites unités dans les différents quartiers n'ont rien à voir avec les tours et les barres qui ont fait la mauvaise réputation du logement social là où on en a construit sans discernement. A Livry-Gargan, les logements sociaux ne se distinguent pas des autres immeubles. Pourtant leurs loyers ne sont pas différents de ceux observés dans les cités dites "à problème" gérées par certains offices publics ou SA d'HLM. Plusieurs projets sont en cours pour poursuivre la réalisation de logements sociaux à Livry-Gargan.

Je crois que ce bilan nous autorise à critiquer le maire voisin qui, alors qu'il n'a que 4% de logements sociaux dans sa commune, après avoir longtemps claironné qu'il ne mettrait pas en oeuvre la loi SRU, avoir promis son abrogation et avoir encouragé au cours des cinq dernières années une multitude d'opérations de promotion privé de luxe sur son territoire, voudrait maintenant venir jouer les donneurs de leçons sur le sujet !