Beaucoup de Livryens s'interrogent, à juste titre, sur l'évolution de l'urbanisme et des constructions à Livry-Gargan. Je publie donc, de nouveau ici, le texte de la tribune que j'ai rédigée, au nom du groupe des élus socialistes, verts, radicaux et apparentés du Conseil municipal, dans le dernier numéro du magazine municipal, daté des mois de juillet et août 2010.
"L'agglomération parisienne change. Notre ville ne peut y échapper, pour le meilleur et pour le pire.
Grand Paris, schéma directeur d'aménagement régional, réflexions des urbanistes : tout est mis en oeuvre par les pouvoirs publics pour densifier, compacter, les zones urbaines de la première couronne, dans laquelle se situe Livry-Gargan. C'est ce qu'ils appellent "reconstruire la ville sur le ville". D'un point de vue global, on peut comprendre cette ambition. Mais aucune agglomération ne peut être totalement compacte. Il lui faut des "respirations" et nous pensons que Livry-Gargan a cette vocation là.
Parce que l'histoire de son urbanisme a été marquée, depuis plus de cinquante ans, par la volonté des majorités de gauche qui ont reçu la confiance de la population, de refuser le tout béton, les barres, les tours, ces cités inhumaines qui font aujourd'hui beaucoup des difficultés de notre département et de nombreuses communes voisines de la nôtre.
Parce que l'équilibre entre les zones pavillonnaires et l'habitat collectif -locatif ou privatif- la répartition des services publics et des espaces verts, les déplacements d'un secteur à un autre de la commune, l'implantation des secteurs d'activité économique et commerciale, ont toujours fait l'objet d'une grande attention de la part des élus de notre groupe.
Parce qu'il reste de nombreuses zones naturelles valorisables d'un point de vue environnemental à Livry-Gargan, une fois que l'exploitation des carrirères de gypse sera achevée.
Au moyen de notre plan local d'urbanisme (PLU), nous avons utilisé tous les outils offerts par le droit de l'urbanisme pour lutter contre la densification : limitation des hauteurs, augmentation des obligations en matière de création de places de stationnement, augmentation des surfaces d'espaces verts requis, contraintes nouvelles pour limiter un trop grand morcellement des parcelles... Ces dispositions nous protègent mieux qu'ailleurs, mais elles ne font que ralentir le processus d'urbanisation inéluctable de notre territoire.
Voilà pourquoi, nous portons également, dans le cadre des réflexions conduites par l'Etat, la proposition de faire de Livry-Gargan, à la porte Nord-Est du futur Grand Paris, une référence en matière de développement urbain respectueux de l'environnement et de la qualité de la vie. Ce défi, nous voulons le relever, avec l'ensemble des Livryennes et des Livryens."
9 commentaires:
Monsieur Popelin,
Je dois être stupide, parce que je n'ai pas compris où vous vouliez en venir. Vous vantez les mérites du PLU de la ville, qui évite, ou du moins qui aurait pour vocation d'éviter, la densification urbaine etc... Et en même temps, vous parlez de processus d'urbanisation inéluctable de notre territoire, auquel nous devrions nous adapter. Donc quel est le propos en résumé ?
Je vous remercie
Si vous n'avez pas compris, c'est sans doute que je me suis mal exprimé.
Mon propos est pourtant simple. Livry-Gargan n'est ni hors du temps, ni hors du monde, ni hors des lois où des schémas divers qui ont l'ambition de dessiner le futur visage de l'agglomération parisienne.
La volonté politique de la majorité municipale est de limiter une densification que, par ailleurs, le marché, les pouvoirs publics (qu'il s'agisse du gouvernement ou de la région)et les urbanistes veulent accentuer en première couronne parisienne.
Nous utilisons donc tous les outils à notre disposition. Le plan local d'urbanisme (PLU) en est un. Nous avons pu ainsi (pour l'instant) préserver la zone UE* tout le long de la ligne des Coquetiers, quand l'Etat nous demandait de passer ce secteur à dominante pavillonnaire en zone UA*. Mais le PLU ne permet pas tout. D'une part parce qu'il doit lui même respecter les prescriptions de porté générale de la loi et des réglements rassemblés dans le Code de l'urbanisme. Or, celui-ci bride de plus en plus certaines contraintes qu'il était possible d'opposer par le passé. D'autre part, parce que toutes les règles étant de portée générale en la matière, certaines prescriptions trop containgnantes amèneraient à ce qu'il ne soit plus possible de rien bâtir, ce qui n'est pas non plus entendable.
Parce qu'il serait illusoire de nous abriter derrière nos seules règlements locaux pour ralentir un processus qui va bien au-delà de notre seule ville, nous suivons également de près le projet gouvernemental de Grand Paris, qui concerne notre commune, puisque celle-ci fait partie d'un périmètre de pôle de développement (avec Aulnay-sous-Bois, Sevran, Clichy-sous-Bois et Montfermeil). Dans ce pôle, dont les limites ont été fixées par l'Etat, nous nous efforçons de convaincre que la volonté du gouvernement de densifier l'habitat dans notre secteur doit s'accompagner de "respirations" et que Livry-Gargan, compte tenu de son urbanisme et de son potentiel de développement écologique, doit être le lieu privilégié de cette "respiration urbaine". Une ville où il n'est pas opportun d'intensifier les constructions au-delà de ce que le mouvement naturel et inéluctable génère déjà. Une ville où il serait souhaitable -parce que c'est possible- de prioriser une logique de développement durable, autour d'activités liées à la nature, aux loisirs, au sport et à la santé.
Tels sont les éléments que nous avons proposés aux architectes missionnés par Christian Blanc et au ministre lui-même. Comme vous le savez, nous allons maintenant changer d'interlocuteur... En espérant qu'il ne faudra pas tout reprendre à zéro, nous ne manquerons pas de tenir informés les Livryennes et les Livryens des suites qui seront réservées par les pouvoirs publics à nos propositions, pour conserver à Livry-Gargan le caractère original qui est le sien, au sein d'un territoire qui n'a pas été épargné par la main des décideurs depuis plus de cinquante ans. Mais entendons nous bien : conserver son originalité à l'urbanisme de notre ville, ce n'est pas prétendre la "mettre sous cloche", afin qu'elle soit toujhours dans vingt ans comme elle était il y a vingt ans. Ce n'est ni possible, ni souhaitable.
Bien sincèrement,
Pascal Popelin
* La zone UE du PLU est une "zone pavillonnaire et de petit habitat collectif discontinu". Les contructions ne peuvent excéder une hauteur de 13m (soit R+3) et des contraintes de recul, de superficie d'espaces verts et de création de places de stationnement y limitent les droits à construire. L'essentiel du territoire communal est classé en zone UE. La zone UA est un périmètre à vocation plus dense, constitué d'un front urbain bâti. A Livry-Gargan, les constructions ne peuvent toutefois y excéder une hauteur de 18m (soit R+5). Les zones UA sont limitées à la colonne vertébrale de la ville constuée principalement par l'ex RN3, le boulevard Chanzy, le boulevard de la République, le boulevard Gutenberg, la rue Eugène-Massé et l'avenue Jean-Jacques Rousseau. Le périmètre de la zone UA n'a pas été modifié depuis le premier plan d'occupation des sols (POS) établi en 1979, et ce malgré les demandes insistantes des "partenaires associés" (Etat et région), lors de l'élaboration récente de notre nouveau PLU (document d'ubanisme qui remplace désormais les POS).
Ne pas trouver souhaitable que Livry-Gargan ressemble dans 20 ans, à ce qu'elle était il y a 20 ans, c'est votre droit. Je ne partage absolument pas votre avis. Car la vie me semblait bien plus agréable dans la ville à la fin des années 80, et je ne suis pas seul dans ce cas. Il suffit de regarder le marché de Chanzy, c'était la France. Aujourd'hui, ça pourrait ressembler à une reconstitution de Beyrouth.
En tous les cas, je comprends mieux votre article, notamment par les explications sur les contraintes étatiques, assez méconnues par les Livryens. Cela va peut-être vous étonner, mais je suis plutôt sur une ligne qui consiste à dire, "mais de quoi le gouvernement se mêle-t-il ?". J'ai bien compris que l'Etat avait un plan pour la zone, et donc, indirectement, pour la ville dont il se fiche éperdument. Entre dans ce plan, l'acceptation forcée du passage du T4 pour le débranchement vers la zone sinistrée de Clichy-Montfermeil.
J'apprends donc aujourd'hui que le plan secret vise également à densifier la population, sans doute pour densifier l'activité économique, et aussi pour recaser les victimes colatérales, les populations dont on ne va plus vouloir aux portes de Paris, après les avoir tenues en respect derrière le périphérique. Alors que cette région a besoin de tout l'inverse.
Je suis en tout état de cause preneur d'informations complémentaires sur les tentatives des échelons supérieurs d'influence sur l'architecture de la ville.
Et je vous remercie pour toutes ces précisions.
Bonjour,
Deux questions,
- Qu'attendez vous de l'intervention du président nicolas SARKOZY, ce soir ?
- Qu'avez-vous pensé de la coupe du monde en Afrique du sud 2010, et plus particulièrement de la prestation de l'equipe de France ?
Au plaisir de vous lire,
Abdelkrim,
Réponse à Brice :
Un plan secret ? Comme vous y allez. Tout ceci est public ! Il suffit, par exemple, de relire le discours du président de la République le 29 avril 2009 à la cité de l'architecture du palais de Chaillot, lorsqu'il a inauguré l'exposition realtive aux projets des architectes pour le Grand Paris. Il suffit de regarder le texte de loi qui vient d'être adopté par le parlement sur le sujet. N'avez vous jamais entendu parler du débat qui a, notamment, opposé les élus locaux (de gauche comme de droite d'ailleurs) au gouvernement sur la substitution du pouvoir des maires par celui de l'Etat dans un périmètre de 400 m autour des gares du futur métro automatique de rocade ?
Sur une autre de vos remarques, quand je dis qu'il n'est ni souhaitable, ni possible, que notre ville (et c'est valable pour toutes les autres), ne soit pas différente dans vingt ans de ce qu'elle était il y a vingt ans, je veux simplement dire que la société évolue et que la pire des choses serait de ne pas en tenir compte. La demande de la population en matière de service public évolue, par exemple. Il y a vingt ans, on attendait moins de la collectivité la mise à disposition de places d'accueil pour la petite enfance, il y avait moins besoin de centres de loisirs le mercredi et durant les vacances scolaires, la vie associative n'était pas aussi diverse qu'aujourd'hui. En matière d'infrastructures, les besoins n'étaient pas non plus les mêmes (on cherchait plutôt à élargir les voies dans une logique du tout voiture quand aujourd'hui les impératifs de sécurité routière conduisent à plutôt essayer d'en réduire l'emprise, la demande de modes de transports lourds à proximité du domicile pour faciliter les déplacements n'était pas aussi forte). Le comportement des consommateurs a aussi beaucoup changé. La part de la grande distribution s'est considérablement accrue au détriment du commerce de proximité, pour l'alimentation mais pas seulement. Le petit marchand de couleur de quartier d'antan, qui faisait ma joie d'enfant quand j'y accompagnais mon père, a lui aussi disparu. Ne pas prendre en compte tout cela, si difficile que ce soit parfois, serait suicidaire. Toute la complexité de l'exercice consiste à évoluer, tout en conservant au mieux ce qui a fait et constitue toujours l'atout et la spécificité de Livry-Gargan, au coeur de la Seine-Saint-Denis. C'est ce que j'essaie de faire, avec tout mon coeur, dans les fonctions qui sont les miennes. J'ai la conviction que c'est plus constructif que de regarder seulement le passé (que l'on a parfois pas connu personnellement, ou dont on a un peu idéalisé certains aspects) en se disant "c'était mieux avant".
Bien sincèrement,
Pascal Popelin
Réponse à Abdelkrim :
Je n'attendais pas grand chose de l'intervention du président de la République. Donc, de ce point de vue, je n'ai pas été déçu.
Sur la forme, il a du métier et fait donc convenablement le job, dans un exercice télévisuel qui lui est favorable, puisqu'il ne débat pas avec un contradicteur.
Sur le fond, il met tout simplement en oeuvre le projet de société qu'il a défendu en 2007 (relisez sur mon site ce que j'en disais à l'époque, durant la campagne présidentielle). Donc pas de surprise. Mon seul sujet d'étonnement, mais il ne date pas d'hier, est qu'il y ait eu une majorité de Français pour l'élire, alors que sa politique ne sert les intérêts que d'une toute petite minorité, dont une des personnalités les plus emblématiques, Madame Bettencourt, est aujourd'hui au coeur de l'actualité, à son corps défendant...
Quant à votre question sur l'équipe de France de football, que dire? J'aime la France et j'aime le sport. Donc j'ai forcément détesté le comportement de cette "équipe".
Bien sincèrement,
Pascal Popelin
Je parlais de plan secret car Livry-Gargan n'est pas au coeur des préoccupations gouvernementales. Notre ville se trouve simplement sur un territoire stratégique, et c'est ce qui implique qu'elle soit touchée par le plan. Mais dans les faits, les Livryens, pour grande partie, ignorent ce que l'Etat veut faire de la ville.
Pour ce qui est de l'évolution interne, évidemment que la société évolue. Après, chacun choisit d'être ambitieux ou non. Mon ambition pour la ville serait de conserver ce qui marche, de retrouver la qualité de vie que nous avons perdu, puis de mettre sur pied un projet d'amélioration de cette qualité de vie. En conclusion, il y a certaines choses qui étaient mieux avant, et il est légitime d'aspirer à retrouver ces choses. Le marché de Chanzy est un exemple frappant mais il y en a d'autres.
Vous évoquez le comportement des consommateurs. C'est un cercle vicieux. L'installation de commerces douteux, de "restauration rapide" de basse qualité, encourage aussi un changement d'attitude. Bref, le débat serait bien long si on devait l'aborder ici et maintenant.
Ce qui m'effraie, de même que beaucoup de mes voisins, c'est justement que ce qui faisait la spécificité, que vous évoquez, de Livry-Gargan, tend à s'évanouir.
Enfin, vous avez raison de parler du passé que l'on n'a pas toujours connu personnellement ou que l'on idéalise. Je précise, pour ma part, que les souvenirs que j'ai sont bien réels, et issus d'un passé vécu personnellement. Et sans remonter bien loin, il était possible de trouver dans cette ville, par exemple, il y a 10 ans encore, des commerces de restauration rapide de bonne qualité, ce qui n'est plus trop le cas, la faute, à mon sens, à certains mouvements de populations, qui vous ont, au mieux, échappé, au pire, que vous avez favorisés.
J'en profite pour dire un mot sur un sujet qui me passionne, le football. J'ai, comme vous, détesté le comportement de cette "équipe", mais fallait-il en être surpris, quand on constate qu'elle est certainement plus à l'image du 93 que de la France dans son ensemble ? Assurément non. Toutefois, ils ne sifflent pas encore la marseillaise, c'est toujours ça...
Réponse à Brice :
Il y a dans vos propos, des sous entendus que vous ne semblez pas complètement assumer et que je ne puis, pour ma part, partager.
Les populations évoluent sur un territoire et l'action des élus locaux n'y est pas pour grand chose. On touche là aux questions de peuplement, de migrations et d'urbanisme (que nous avons déjà abordées pour ce dernier aspect). Faut-il en déduire que ces évolutions sont la cause de tous nos maux ? Elève à Edouard-Herriot à la fin des années 70, j'ai été témoin de phénomènes de racket à la sortie et dans le collège, dont les auteurs avaient la même couleur de peau que moi. Et je me souviens encore du jour où, avec mon père, nous avons récupéré mon sac de sport, volé dans les vestiaires du stade municipal, dans l'appartement d'une famille tout ce qu'il y a de plus "gauloise", qui habitait un des logements insalubres de la commune, fort heureusement réhabilités depuis (je parle des logements, naturellement !). Tout ceci pour dire que bien des choses que nous déplorons fort justement aujourd'hui à Livry-Gargan comme ailleurs (et à Livry-Gargan bien moins qu'ailleurs), bien des choses contre lesquelles nous luttons toujours, sans aucune forme de complaisance, existaient malheureusement déjà "au bon vieux temps" (en tout cas au mien !). Et que le fonds de commerce politique consistant à les dénoncer comme nouvelles et liées au supposé laxisme des élus (en particulier de gauche) est pour moi une escroquerie intellectuelle. Je ne suis pas plus laxiste que vous. Je ne suis pas moins attaché à la qualité de notre ville, dans laquelle je réside avec ma famille depuis toujours, que qui que ce soit !
Vous prenez, à deux reprises, l'exemple du marché Chanzy dans vos commentaires. Ce marché a toujours, historiquement, rayonné bien au-delà de la seule clientèle livryenne. C'est ce qui lui a conféré son importance. Il continue donc d'accueillir en majorité la population des communes voisines. En revanche, le marché Jacob a toujours été un marché plus local, fréquenté par les gens du quartier. Bien que ces deux marchés soient gérés pareil depuis de très nombreuses années, ils n'ont donc pas la même physionomie...
Ayant directement en charge depuis 15 ans le dossier du développement économique de la commune (donc les marchés et plus globalement le commerce), je peux vous dire que nous sommes très attentifs au maintien de la meilleure qualité possible du commerce de proximité. J'y travaille beaucoup, en lien avec les associations de commerçants, en très bonne harmonie avec la ville des Pavillons-sous-Bois pour le secteur Chanzy qui nous est commun, en partenariat avec les organismes consulaires (Chambre de commerce et d'industrie, Chambre des métiers) qui nous apportent conseils et expertises dans ce domaine qui est, par définition, le leur. Pour autant, la critique est aisée et l'art est difficile. Si je ne pense pas que nous ayons à rougir de l'action menée, je vous concède bien volontiers que les résultats obtenus ne sont pas toujours à la hauteur de nos efforts, ni de nos espérances. Voilà pourquoi nous continuons et nous continuerons d'agir, sans relâche, dans ce domaine comme dans tous les autres.
Bien sincèrement,
Pascal Popelin
Enregistrer un commentaire